Lacroix-Ruggieri : les maîtres du 14-Juillet – 14/07/2015

Comme l’an passé, le feu d’artifice du 14-Juillet sera lancé sur la Garonne, à partir de 22 h 45. Juste après le concert de Cats on Trees à la prairie des Filtres. À la manœuvre cette année comme l’an dernier, l’artificier Lacroix-Ruggieri dont la notoriété dépasse de loin les frontières régionales. Installée à Sainte-Foy-de-Peyrolières sur un site classé «Seveso», l’entreprise stocke près de 400 tonnes de matériels, soit environ 4 000 références de produits et prépare le grand show de ce soir.

Le savoir-faire pyrotechnique de l’entreprise bicentenaire Lacroix-Ruggieri (fondée en 1739), qui a pris ses quartiers dans la petite zone industrielle classée «Seveso» de Sainte-Foy-de-Peyrolières (Haute-Garonne), sera de nouveau à l’œuvre en ce 14 juillet 2015. L’an passé, le feu d’artifice est revenu éclairer la Garonne – un souhait cher au maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole Jean-Luc Moudenc – et, pour le public, il n’y avait pas photo : environ 200 000 spectateurs pour un show haut en couleur et en musique. Celle de Claude Nougaro.

Cette année, le Septième art sera à l’honneur. La facture de l’artificier, chez qui on entre à Sainte-Foy-de-Peyrolières en déposant sa carte d’identité et en enfilant une blouse blanche, s’élève à 80 000 € pour la ville de Toulouse, mais elle est de 700 000 € pour un 14-Juillet à Paris.

Les artificiers de Lacroix-Ruggieri – la société stocke à Sainte-Foy près de 400 tonnes de matériels et 4 000 produits divers (projectiles de calibres différents, de 8 à 125 mm) – ont commencé d’installer leur PC, dimanche, sur le parvis du Port Viguerie. Les camions ont fait la navette pour acheminer les centaines de petites bombes nécessaires à tel déchaînement de lumières. Le tout, piloté par l’informatique.

Il est déjà loin le temps où la main de l’homme déclenchait manuellement l’impulsion électrique pour le détonateur. Désormais, l’informatique peut envoyer 30 ordres par seconde. Une révolution technologique de taille pour le secteur des artificiers dont l’imagination peut enfin s’exprimer.

Outre la thématique qui change, la physionomie du feu d’artifice est calquée sur celle de 2014. Un grand mur de lumières sur la Garonne, entre le Quai de Tounis et la prairie des Filtres, spectacle de 20 minutes avec une introduction et 13 séquences. L’audace ne fait pas peur aux artificiers dont la notoriété se lit à travers des shows grandioses donnés aux quatre coins du Globe (USA, Arménie, Émirats arabes unis, Paris, nombreux concerts), dont un fameux 31 décembre 2014 sur la tour Burj Khalifa à Dubaï (la plus haute du monde).

«Ce sera une orchestration très belle, avec des musiques de films, assure Jean-Michel Dambielle, directeur général de Lacroix-Ruggieri. Le site de la Garonne est beaucoup mieux pour le public. La capacité d’accueil y est plus importante que sur les allées Jean Jaurès où ceux qui étaient placés sur la place Wilson ne voyaient pas grand-chose du spectacle. Avant, on tirait sur le toit de la médiathèque Cabanis, on était entouré d’habitations, avec la voie ferrée en bas, au niveau sécuritaire ce n’était pas terrible.» Un feu d’artifice sur l’eau, il faut dire que ça a un côté magique. Entre le ciel étoilé et l’eau, l’effet miroir est garanti 100 % émotions fortes. Il ne reste plus qu’à trouver une place.


2 200 instructions de tirs en 20 minutes

Plus de 2 200 instructions de tirs, ça fait quelques milliers de produits qui seront tirés ce soir au-dessus de la Garonne. Le PC de l’artificier Lacroix-Ruggieri est basé à la prairie des Filtres, mais le chargement des 21 radeaux et des 3 barges flottantes – qui déploiera une façade de feu de 500 mètres de long à voir en 360° – se fera sur le parvis du Port Viguerie (près de l’Hôtel-Dieu).

C’est là que depuis dimanche dernier, les artificiers de Lacroix-Ruggieri, une équipe de 15 personnes, ont effectué ce qu’ils appellent le «grappage». C’est-à-dire l’attache des mèches entre elles pour assurer la synchronisation des tirs ce soir. Une opération qui précède celle du câblage, qui consiste à relayer l’ensemble du dispositif à la console numérique de mise à feu reliée à un ordinateur. Surtout, un travail de fourmis qui repose autant sur le talent artistique et la mise en scène que sur les techniques de pointe élaborées par le laboratoire de l’entreprise.

Tirs en rafales multi-orientés

«Le spectacle s’appuie sur un système original et sophistiqué, précise Roland Encoyand de chez Ruggieri. Des tirs en rafales multi-orientés, façon chapeaux chinois, et des séquences de feu parfaitement ajustées à la musique. Le plus ? La sonorisation du feu et du concert s’étendra de la Prairie jusqu’aux quais. Ce devrait être assez exceptionnel». L’informatique a certes décuplé les possibilités pour les scénaristes (lire ci-contre). «Avant, on donnait manuellement l’impulsion au détonateur électrique, explique David Prouteau, Directeur artistique à Lacroix-Ruggieri. Il a réalisé le scénario du 14-Juillet 2015 à ToulouseProuteau, directeur artistique chez Lacroix-Ruggieri. Maintenant, on peut créer un effet dynamique en lançant trente ordres informatiques par seconde. ça ouvre des chemins artistiques nouveaux et ça a changé l’état d’esprit des professionnels.» Des 4 000 commandes annuelles de feux, plus de 70 % concernent ceux des 14 juillet et 15 août. Pour Lacroix-Ruggieri, qui perpétue une tradition initiée depuis 1739 – à l’époque pour distraire Louis XV –, le challenge est chaque année serré.


Demandez le programme

À partir de 10 h 30, Défilé du 14-Juillet sur les boulevards. Pour le défilé de l’armée, de la gendarmerie et de la police nationale à Toulouse, la circulation sera interdite, aujourd’hui, jusqu’à 16 heures sur le boulevard Lazare-Carnot, du N° 26 à l’angle de la rue d’Aubuisson,

dans le sens Monument aux morts vers les allées Jean Jaurès, sur les allées Franklin Roosevelt et sur le boulevard de Strasbourg. En présence d’élus et parlementaires, le défilé débutera par une prise de commandement par le commandant des troupes chef de corps du groupement de soutien de la base de défense de Toulouse.

18 h 30. Concert inédit à la Prairie des Filtres. Jack Perry – Dj et Chorale Intergénérationnelle. Cette chorale dirigée par François Dorembus est composée de passionnés âgés de 7 à 77 ans.

20 h 45. Cats on Trees avec Ayo, Vianney et Emji. Le duo Cats on Trees concocte avec ses invités une création sur la scène de la Prairie des Filtres, dont la direction artistique est confiée à Pierre Rougean (lire ci-dessous).

22 h 45. Grand feu d’artifice sur la Garonne.


David Prouteau, directeur artistique à Lacroix-Ruggieri. Il a réalisé le scénario du 14-Juillet 2015 à Toulouse.

«Le public est là pour rêver, en prendre plein les yeux»

Parlez-nous de ce scénario pyrotechnique du 14-Juillet 2015 sur la Garonne ?

Nous avons choisi une thématique différente que ce qui a été fait précédemment à Toulouse. On a choisi de rendre hommage au cinéma dans un spectacle interactif avec le public. Entre les grands tableaux pyrotechniques, il y aura de courtes pauses de 13 secondes maximum où l’on pourra entendre des extraits audio de répliques emblématiques du cinéma. Du style «Je suis ton père» où tout le monde reconnaîtra ce célèbre passage de L’Empire contre attaque (Star Wars). Ce qu’on veut, c’est donner une autre dimension au spectacle. D’un point de vue technique, ça permet aussi de courtes pauses pour que la fumée se dégage au-dessus de la Garonne entre les différents tirs. Une respiration qui permet de passer d’un univers à l’autre.

D’autres films sont au programme ?

Oui, Matrix Reloaded, Pulp Fiction, James Bond, Pirates des Caraïbes, etc. Par exemple sur Pulp Fiction, on lancera un programme un peu déjanté, avec une musique dynamique, à l’image du film de Tarantino. Sur la base d’une pyrotechnie très rapide. On fera différemment sur 2001, Odyssée de l’espace (Stanley Kubrick). Le tout est de trouver le bon dosage entre l’humour et l’émotion. On a construit le spectacle comme un film pour que chacun y trouve sa part de rêve. Et puis 20 minutes, ça passe vite dans notre métier.

L’an passé, le thème du feu d’artifice était un spectacle sur Claude Nougaro, cette idée du cinéma vous a été imposée ?

Non, l’appel d’offres de la ville de Toulouse n’imposait rien sur le thème où la conception du spectacle. Je crois que les élus ont trouvé notre thème original pour 2015, ils ont adhéré à la recette. Mais il ne faut se méprendre sur la bonne recette. Celle des professionnels n’est pas toujours celle du public. Je me suis rendu compte, l’an dernier, en me promenant au milieu des gens sur les berges de la Garonne, que notre perception d’un spectacle est parfois très différente de celle du public. Il est là pour rêver, en prendre plein les yeux, comme les enfants. Je pense que trop de pyrotechnie tue l’émotion. Parfois, on donne une part trop importante à la pyro, alors que le public attend juste de voir la belle verte ou la belle rouge.

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