14 Juillet : approcher les secrets d’artifice Lacroix-Ruggieri

Manipuler les bombes en confection relève du grand art./Photo DDM, F.C.

Classé «Seveso II», le site de Sainte-Foy-de-Peyrolières, cœur névralgique d’un des leaders français du marché de l’artifice, nous a ouvert ses portes, à moins d’une semaine du 14-Juillet, qui lui assure chaque année plus de la moitié de son chiffre d’affaires.

Le calme de la campagne du Savès tranche avec l’agitation fourmillante régnant à l’intérieur du site hautement gardé de l’usine principale «Lacroix-Ruggieri» de Sainte-Foy-de-Peyrolières. À une semaine pile du 14-Juillet, il n’y a plus de place à l’approximation ou aux conjectures inutiles. Débarrassés de nos portables car porteurs d’ondes pouvant générer un champ d’électricité et… allumer le feu (mais oui !), nous pénétrons dans ces bâtiments où matière grise, technicité et maintenance rivalisent de bravoure et de rapidité pour que toutes les commandes de la Fête Nationale soient honorées. Il y en aura encore 4 000 cette année, synonymes d’autant de feux d’artifice.

380 tonnes de stockage

Le site de Sainte-Foy-de-Peyrolières constitue bien le cœur névralgique de la société Lacroix-Ruggieri. Ici se conçoivent non seulement les feux, de leur genèse à leur mise en œuvre, mais également les spectacles pyrotechniques, ces shows fabuleux qui ont transformé un simple feu en un feu dit «multimedia», le cas de celui qui sera tiré à Marseille dimanche prochain, «le plus gros de l’année pour nous» concède Jean-Michel Dambielle, directeur général opérationnel chez Lacroix-Ruggieri. Il s’appuie ici sur une équipe d’une cinquantaine de personnes, dont Bernard Barès, son responsable logistique, qui évoque à juste titre «une véritable chaîne de compétence». Pas question, bien sûr, de dévoiler les secrets de fabrication des nouvelles bombes, comètes ou autres marrons d’air, celles que s’arrachent les pays du monde entier (lire ci-dessous), sans parler du fameux «monocoup», vedette incontestable des nouveaux feux tirés. Un seul envoi cliqué sur ordinateur et ce sont de multiples éclats dans le ciel !

Lorsque Jean-Pierre Costes nous emmène dans les baraques de stockage, on prend conscience de la profusion du matériel (380 tonnes), de ses potentiels dangers aussi… Outre le portable évoqué plus haut, l’environnement est primordial : chaque bâtiment est équipé contre les orages et nettoyé à ses abords de ses hautes herbes, afin d’éviter toute propagation d’incendie. Les 380 tonnes de matériels représentant entre 3500 et 4000 références de produits, sont sagement protégées… Ce n’est pas pour rien si le site logistique de Sainte-Foy est certifié «ISO 14001» depuis quatre ans, qui en fait un site «Seveso II», en cours de «Seveso III» ! Avec cette importante évolution juridique : jusqu’à présent agréés, les produits homologués Lacroix-Ruggieri sont depuis jeudi dernier «certifiés», leur rayonnement international s’en trouvant renforcé.


Marseille, Carcassonne, pas Toulouse

Des 4000 commandes annuelles de feux, plus de 70 % concernent ceux des 14 juillet et 15 août. «Notre année commence en septembre en vue de la saison estivale de l’année d’après. On monte en puissance de mars à juillet», indique Bernard Barès. Pour Lacroix-Ruggieri, qui perpétue, rappelons-le, une tradition initiée depuis 1739 – à l’époque pour distraire Louis XV et sa cour ! -, le challenge est chaque année serré, afin que tout soit préparé et acheminé à temps. Et dans six jours, le «feu de l’année» est attendu à Marseille, qui sera tiré du Vieux-Port. Un spectacle complet (ou «feu multimedia») avec artifices, musiques, jets d’eau et autres surprises, la marque de fabrique de Lacroix-Ruggieri, inventeur, rappelons-le aussi, du spectacle pyrotechnique en France au début des années soixante-dix.

Marseille, mais aussi Carcassonne (la fameuse Cité qui s’embrase et s’élève soudain dans les airs !), Biarritz, Dijon, Blois, Tours, Bordeaux, etc. mais ni Paris ni… Toulouse ! «La ville n’a pas répondu en notre faveur lors de l’appel d’offres. Bien sûr, on aurait préféré qu’il en soit différemment, mais c’est comme ça», concède Jean-Michel Dambielle. Le directeur général préfère positiver et se tourner vers l’avenir, c’est-à-dire les marchés émergents pour Lacroix-Ruggieri. Ceux-ci ne sont pas minces, notamment en Asie où «LR China», filiale chinoise de Lacroix-Ruggieri, développe une activité qui booste le chiffre d’affaires à l’export. Mais la «French Fire Works» de Dubaï rayonne tout autant au Moyen-Orient et même en Asie Centrale. Sans oublier la filiale argentine amenée à développer l’activité sur toute l’Amérique du Sud.

Une précision qui n’aura échappé à aucun inconditionnel du spectacle céleste nocturne : les feux Lacroix-Ruggieri sont parmi les plus longs au monde, 30 minutes pour un complet, plus de 10 pour un premier choix. Et un feu comme celui qui sera tiré à Marseille coûte environ 70 000 €.


repères

Le chiffre : 4 000

références de produits. C’est le stock de produits différents savamment gardés sur site, à raison de 150 créations nouvelles chaque année.

«Marseille sera cette année notre plus gros feu, un feu multimédia.»

Jean-Michel Dambielle, directeur général opérationnel

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