Cherche artificier désespérément. A l’approche des festivités du 1er Août, une pénurie de tireurs qualifiés plane sur les spectacles pyrotechniques. Première victime, Meinier renoncera cette année à envoyer des feux d’artifice dans les airs. «Nous n’avons trouvé personne pour les tirer», explique simplement le maire, Alain Corthay.
Depuis 2014, un nouveau règlement est en vigueur. Il exige que la personne en charge de tirer les feux de catégorie 4, les plus gros, soit au bénéfice d’un permis officiel. Pour obtenir le sésame, les apprentis artificiers ont le choix entre deux formations: la première dure un jour, coûte 500 francs et permet de tirer des feux dont la masse explosive ne dépasse pas 50 kilos. Ceux qui souhaitent manier de plus gros calibres privilégient la seconde formation qui s’étale sur cinq jours. Prix: 4900 francs.
La nouvelle réglementation bouscule les pratiques dans un domaine où la personne en charge de tirer les feux avait pour habitude de recevoir une simple formation chez le revendeur. En conséquence, les artificiers certifiés se font rares. «Nous avons dû refuser des prestations à certaines communes; je n’ai à disposition que sept artificiers diplômés», révèle Pierre-Alain Beretta, de la société Pyrostars. Chez son concurrent Sugyp SA, à Grandson (VD), le directeur Jean-Pascal Guinand n’a pu garantir une prestation qu’à ses clients habituels, de grandes communes au budget nourri. «Heureusement, des artificiers français viennent nous prêter main-forte le 1er Août. Et des Suisses vont tirer des feux en France le 14 Juillet», explique-t-il. Egalement membre de la commission d’examen de la formation pour le tir de feux d’artifice, le chef d’entreprise déplore «des cours trop chers et trop restrictifs».
Au final, la plupart des communes genevoises ont décidé d’investir pour former leurs pompiers. Mais au vu des deux niveaux de formation, certaines optent pour des calibres de feux plus restreints. Ce fut le cas à Russin l’an dernier, sans toutefois altérer le spectacle, selon le maire Alain Hutin: «Pour compenser, nous en avons tiré davantage. Personne n’a vu la différence; au contraire, le spectacle a été plus long et les gens ont cru que nous avions mis de plus gros moyens.»
A l’instar de Jean-Pascal Guinand et de Pierre-Alain Beretta, les professionnels de la pyrotechnie cherchent à convaincre leurs clients de tirer les feux le 31 juillet. Aucune commune genevoise n’a accepté, contrairement à plusieurs municipalités vaudoises, neuchâteloises ou valaisannes qui illumineront le ciel un soir avant les autres.
(Créé: 14.07.2015, 21h50)