Portable en main, Michel et Fabrice repassent inlassablement les meilleures séquences vidéo du feu d’artifice géant tiré à Dubaï pour le nouvel an. Non seulement ils peuvent dire fièrement « J’y étais ! » mais mieux encore : « C’est nous qui l’avons fait ! »
Tous deux savent faire parler la poudre. Le premier, blésois et agent de sécurité dans la vie ordinaire, a découvert la pyrotechnie dans le cadre du spectacle son et lumière de Valençay (Indre), auquel il participait en qualité d’éclairagiste. Le second, conducteur de machine chez Clariant production à Romorantin, accompagnait son père pompier sur les feux d’artifice du 14 juillet. « Ils ont suivi le stage de formation obligatoire chez moi » explique Patrick Buchet, concessionnaire Ruggieri pour la région, qui recourt à 37 collaborateurs occasionnels pour la mise en œuvre de ses spectacles. « Pour Dubaï, Ruggieri France avait besoin de 130 techniciens. J’en ai fourni 7, en choisissant les meilleurs, bien entendu ! »
Toute l’équipe a séjourné sur place de deux à quatre semaines. « On a l’impression d’atterrir sur une autre planète » raconte Fabrice, qui prenait l’avion pour la première fois. « La ville est démentielle avec sa forêt de tours qui se haussent du col, ses centres commerciaux immenses. Tout est propre jusqu’à l’obsession. La circulation donne le tournis et s’effectue au klaxon en dépit de toutes les règles. Prendre un taxi est une aventure à haut risque ! » Michel a été impressionné quant à lui par l’accueil glacial et les formalités policières à l’arrivée. « La vidéosurveillance est partout dans les rues : c’est la ville la plus sûre du monde ! »
Des ouvriers à surveiller
La préparation du spectacle a mobilisé des moyens colossaux. « Je suis monté tout en haut du Burj Khalifa, la plus haute tour du monde. Au sommet du pinacle, à 828 mètres d’altitude, sur une plateforme minuscule, il fallait hisser à la corde les éléments pyrotechniques ». Fabrice a travaillé au montage des barges installées sur le grand bassin maritime, derrière les yachts de princes saoudiens aux dimensions de paquebots transatlantiques. « Nous étions assistés par des ouvriers pakistanais qui s’endormaient n’importe où dès qu’on avait le dos tourné et qui conduisaient les engins de levage avec le portable à l’oreille. Il a fallu en repêcher un au fond du golfe… »
Le tir du feu d’artifice, qui s’est déployé sur un dispositif de 17 km ceinturant la ville, a récompensé les deux hommes de leurs efforts, malgré l’émotion suscitée par l’incendie spectaculaire d’un hôtel, survenu quelques heures avant le début du spectacle, et sans rapport avec lui. À peine une petite lueur insolite dans l’océan de feu qui a embrasé la ville vingt minutes durant. Fabrice, qui a eu 40 ans sur place, n’est pas près d’oublier son anniversaire saoudien !