Brest – À Brest, tirs de mortiers d’artifice et « guet-apens » à Pontanézen

La carcasse de l’utilitaire calcinée tient à peine debout. Le véhicule hors d’usage de Bibus n’a pas encore été évacué, ce dimanche matin. Rue Cézanne à Pontanézen, c’est le calme après la tempête. Un container à poubelles, lui aussi, incendié, crache encore de la fumée. À l’arrêt de tram Pontanézen, l’aubette a été pulvérisée. Deux cents mètres plus loin, la chaussée défoncée, juste devant les rails du tramway qui fend en deux le quartier bardé de hautes tours, témoigne des violences, qui ont de nouveau embrasé la cité, la veille au soir.

Ambiance de guérilla urbaine

Il était autour de 22 h 30, samedi, lorsque le conducteur du tramway a dû s’arrêter entre les deux stations Europe et Pontanézen. Il venait d’être prévenu que des obstacles en feu, peut-être des barrières placées sur la rue, étaient disposés à proximité immédiate des rails. La trentaine d’occupants a été immédiatement évacuée. Fabienne, 53 ans, en faisait partie. « J’ai vu une bande d’individus encagoulés de noir et un feu qui chauffait sévèrement sur le bitume. J’ai tracé sans me retourner ».

Les services de police et les pompiers, initialement appelés, samedi soir, pour un feu de poubelle, ont été accueillis sous des tirs de mortier d’artifice, qui volent de part et d’autre des rails du tram. (Capture d’écran Brest Info)

Dehors, les services de police et les pompiers, initialement appelés pour un feu de poubelle, sont accueillis sous des tirs de mortier d’artifice, qui volent de part et d’autre des rails du tram. Un groupe d’une vingtaine de jeunes guettent et surgissent, bâtons incandescents en mains. La camionnette de soutien Bibus, venue se garer près de la station Pontanézen, est elle aussi visée. Un des projectiles va y mettre le feu, vers 23 h. Pendant deux heures, une atmosphère de guérilla urbaine gagne le quartier. « J’ai entendu des explosions et comme des cocktails Molotov qui tapaient sur le métal. Je n’ai pas mis le nez dehors, franchement, ça fait peur », disait, ce dimanche matin, Géraldine, une toute nouvelle habitante de 30 ans. Mercredi et jeudi, des véhicules avaient déjà été incendiés dans le quartier, en réaction à une descente de police entre les tours de « Ponta », le jour même, pour contrôler les identités sur un point de deal.

Sans blessé ni interpellation

Samedi soir, il a fallu attendre 0 h 30 pour que les rues retrouvent leur calme. Sans blessé ni interpellation. Dès dimanche matin, les réactions n’ont pas tardé à tomber. Celle de Bibus, tout d’abord, qui a interrompu tous les services de bus et de tramway pour la journée après le droit de retrait exercé par les salariés. Celle des représentants de l’État, ensuite, le sous-préfet Jean-Philippe Setbon en tête déclarant « Qu’on n’est pas près de quitter Pontanézen. Nous allons monter en puissance au niveau des effectifs dès cette nuit ». Le préfet du Finistère, Philippe Mahé a, quant à lui, adressé son soutien aux victimes de ces violences inacceptables.

Pas de transport à Ponta

De con côté, François Cuillandre a rappelé combien « il est inacceptable qu’une vingtaine d’individus bloque un service public ». Le maire de Brest souhaite interpeller le ministre de l’Intérieur sur la facilité de se procurer ces mortiers d’artifice qui pourrissent la vie des pompiers et des policiers.

Mais les élus ne se découragent pas, à l’image de l’adjoint chargé de la sécurité à Brest, Yohann Nédélec, menacé de mort à Ponta, jeudi « Nous ne lâcherons rien pour que ce beau quartier retrouve une tranquillité à laquelle chaque habitant a le droit ! ».

Interrompu ce dimanche, le service de transport Bibus doit reprendre lundi matin. À l’exception des arrêts de Pontanézen, jusqu’à nouvel ordre.

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