Depuis hier, les artificiers de la société Ruggieri sont à pied d’œuvre dans les lices de la Cité. jeudi, tout devra être fin prêt pour le tir du feu d’artifice et du célèbre embrasement.
Connaissez-vous le comble d’un artificier ? Ne jamais voir le feu d’artifice qu’il a préparé. Claude Devernois, directeur technique chez Lacroix Ruggieri fait partie de cette caste-là. «ça doit faire vingt ans que je travaille sur le feu de Carcassonne et je n’ai jamais vu le tir comme spectateur». Et pour cause. Jeudi, peu avant 22 h 30, il sera au fond d’une petite caravane devant deux consoles informatiques en attendant l’ordre de tir. À cet instant précis, les premières bombes s’élanceront vers le ciel. S’en suivra 23 minutes de féerie lumineuses, de bruits assourdissants et bien sûr, les six minutes d’embrasement.
Depuis lundi, une quinzaine d’artificiers et autant de personnels de la ville s’activent en coulisses et dans les lices. Quatre jours pour dérouler des kilomètres de fils, relier 3 000 bombes de calibre 75 au 150 qui bondiront à 170 ou 180 mètres de haut en une fraction de seconde. Sans oublier, 400 chandelles contenant 6 à 7 projectiles.
Dans les lices, interdites au public jusqu’à vendredi matin, les professionnels s’activent, glissant dans des grilles, les explosifs avant de les connecter à 140 petits boîtiers informatiques. «Carcassonne est un feu particulier, reconnaît Claude Devernois, car on utilise un linéaire de 900 mètres pour composer le feu et près de 2,3 tonnes de matières actives». C’est près d’une tonne de plus qu’à Paris, où Ruggieri est également maître d’œuvre. Seule différence, le cahier des charges parisien impose un tir devant durer 30 minutes.
Aujourd’hui, les artificiers s’attelleront à la mise en place de tous les éléments pyrotechniques qui composeront l’embrasement et l’extinction. En toute fin, le bouquet final consommera près de 40 % des «pétards» disponibles. «Il faut arriver à saturation visuelle, explique l’expert. Le final doit être réussi. Nous n’avons pas le droit de le rater car le public ne retient que cela».