(AFP) – Dans la nuit glaciale de la province du Hebei, des forgerons remplissent de bouts de métal incandescent une longue louche en bois, qu’ils projettent à toute force contre un mur de briques. Le spectacle féérique des étincelles qui explosent comme un volcan en éruption attire chaque soir près d’un millier de curieux dans le village de Nuanquan, à plus de 160 km à l’ouest de Pékin.
Les forgerons ne répètent l’exercice que trois soirs par an, à l’occasion du Nouvel an lunaire. Une tradition qui remonterait à 500 ans. «Les applaudissements et les encouragements du public m’apportent de la joie et me touchent vraiment», confie Wang De, l’un des forgerons qui assurent le spectacle.
Les acteurs n’ont pour toute protection qu’un chapeau de paille et une sorte de combinaison en peau de chèvre pour se défendre du métal à 1.600 degrés. «Quand ça te frappe au visage, ça fait mal, tu peux te brûler et c’est dur de guérir», témoigne Wang De, 55 ans.
Résultat, les jeunes ne se précipitent pas pour reprendre le flambeau et le plus jeune des quatre artificiers de Nuanquan a aujourd’hui 50 ans. «La plupart des jeunes ne s’y intéressent pas parce que c’est extrêmement dangereux et que ça ne rapporte pas beaucoup d’argent», reconnaît-il.
Wang De a bien formé son fils à la tradition, mais ce dernier, comme de très nombreux Chinois des campagnes, a quitté le village pour gagner sa vie en ville. Le forgeron compte quand même sur lui pour garder la flamme.
«Quand nous n’y arriverons plus, les gens pourront se former avec lui. J’ai la conviction que la tradition sera perpétuée.»