Feu d’artifice nord-coréen pour la fête nationale américaine

La Corée du nord aime bien le 4 juillet, jour anniversaire de l’indépendance américaine. C’est souvent pour elle l’occasion de lancer des missiles. Comme en 2006 et 2009, Pyongyang a donc tiré un engin ce mardi à 9h40, depuis une base aérienne de Banghyon dans la province du nord-ouest de Phyongan, non loin de la Chine. Mais à la différence des feux d’artifice précédents au cours desquels une petite dizaine de missiles avait pris la clé des airs, un seul missile s’est envolé cette fois. Il a parcouru 930 kilomètres en une quarantaine de minutes avant, vraisemblablement, de s’écraser dans les eaux de la zone économique exclusive (ZEE) japonaise. L’essai «historique»d’un missile intercontinental (ICBM) Hwasong-14 a été supervisé par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, a annoncé une présentatrice de la télévision publique nord-coréenne dans un bulletin spécial. La Corée du Nord est «une puissance nucléaire forte» qui est dotée d’un «très puissant ICBM qui peut frapper tout endroit au monde», a-t-elle affirmé. Pour Pyongyang, c’est étape cruciale vers la réalisation de son objectif qui est de pouvoir menacer les Etats-Unis du feu nucléaire.

Ce nouveau tir a suscité une réaction énervée de Donald Trump. Il s’agit du onzième tir de missile depuis le début de l’année. Le dernier en date remontait au 8 juin quand le régime de Pyongyang avait testé une fusée sol-mer. Il intervient trois jours après la rencontre à la Maison Blanche entre le nouveau président sud-coréen Moon Jae-in et Donald Trump.

«La patience est terminée»

Lors d’une conférence de presse, le président américain avait indiqué que de «nombreuses options» étaient sur la table face à la menace nucléaire et balistique de la Corée du Nord. Aux côtés de Moon, il avait précisé que la «patience stratégique (mis en place par son prédécesseur Barack Obama, ndlr) avec le régime nord-coréen a échoué. Franchement, la patience est terminée».

Après le tir de ce mardi, Trump s’est fait moins diplomate sur son compte Twitter. «Ce type n’a rien de mieux à faire de sa vie ? Difficile de croire que la Corée du sud et le Japon vont supporter ça très longtemps. Peut-être que la Chine va faire un geste fort au sujet de la Corée du Nord et mettre fin à cette absurdité une bonne fois pour toutes!», a écrit le patron de la Maison Blanche en deux tweets énervés.

«Les programmes de missiles nucléaires et balistiques de ce régime exigent une réponse déterminée», avait-il dit quelques jours plus tôt, à côté de Moon Jae-in.

De son côté, le Japon, dont l’engin vient à nouveau de tomber dans sa ZEE, a rappelé que la «menace» en provenance de Pyongyang «augmentait», selon les mots du Premier ministre Shinzo Abe. Fait inhabituel de sa part, le chef du gouvernement a également appelé la Russie de Vladimir Poutine et la Chine de Xi Jinping à apporter «une réponse constructive à la Corée du nord».

Ce nouveau tir du nord fragilise la politique de la main tendue que le sud du président Moon Jae-in entend défendre. Depuis son investiture le 10 mai, Moon tente d’engager le nord dans de nouvelles discussions. A plusieurs reprises, il s’est dit prêt à se rendre à Pyongyang, un projet qui rappelle les grandes heures de la politique du rayon de soleil quand les deux sœurs ennemies de la péninsule entamaient dans les années 2000 des rapprochements.

«Pas l’intention d’attaquer»

Lors de sa visite aux Etats-Unis la semaine dernière, il s’est montré apaisant, soucieux de se poser en interlocuteur régional et non plus seulement un allié indéfectible et docile des Etats-Unis. «Nous n’avons pas l’intention d’attaquer la Corée du Nord et nous ne voulons pas non plus le remplacement ou l’effondrement du régime nord-coréen. Nous ne hâterons pas artificiellement l’unification de la péninsule», a dit Moon lors d’un dîner officiel le 30 juin.

Un de ses conseillers a même fait sensation quinze jours plus tôt en appelant la communauté internationale à une plus grande «flexibilité» sur la manière d’approcher la question nucléaire nord-coréenne. Conseiller spécial pour l’unification, les affaires étrangères et la sécurité du nouveau chef de l’Etat sud-coréen, Moon Chung-in est même allé jusqu’à suggérer de réduire les manœuvres militaires et le déploiement des armes pour réduire les tensions avec le Nord. Des idées qui lui ont valu des critiques en rafale de la presse et de l’opposition. La très hypothétique nouvelle politique du rayon de soleil n’est pas franchement au beau fixe dans la péninsule.


Arnaud Vaulerin Correspondant au Japon

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