Feux d’artifice. La fête nationale torpillée

Villages et petites villes disposent d’un cadre légal pour organiser un feu d’artifice. Très rares les endroits où les maires ont pris une décision dans ce sens. 

Gratuit et féérique, le spectacle illumine les yeux de centaines et de milliers de spectateurs. Or, ce 14 juillet 2020 contiendra son explosion de joie. La situation « post Covid » complique toute organisation. De très rares mèches devraient être allumées. Quelles sont les communes en mesure de mettre le feu?

Endosser une aussi lourde responsabilité, c’est toute la difficulté qui pèse sur les épaules de chaque maire de localité. Les demandes sont quasi nulles en préfecture.

Le représentant de l’État dans le département accorde une autorisation, sous certaines conditions, eu égard aux respects des mesures sanitaires, de distanciation physique. Somme toute, une dérogation est délivrée tout en mettant en garde les élus ! Autant dire que les maires réfléchissent à deux fois avant d’ordonner la mise à feu.

D’exceptionnels dépôts de candidature

La fête nationale du 14 juillet est gratuite, populaire. Les spectacles pyrotechniques et feux d’artifice font le bonheur d’un public multigénérationnel. Certaines municipalités ont renoncé, d’autres réfléchissent encore… Les villes de Marmande et de Tonneins avaient déposé leur dossier de déclaration de tir en Préfecture. Une démarche entamée par les maires sortants, sans savoir s’ils seraient réélus au soir du 28 juin…

« Nous serons de toute façon dans une autre configuration juridique, puisque le décret ne s’exerce que dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire, qui prend fin le 10 juillet », révèle sur son site l’artificier Brezac, prestataire de plusieurs spectacles dans notre région.

Le professionnel est désarmé : « nous perdons 80% de notre chiffre d’affaire… Le feu d’artifice du 14 juillet est le symbole de l’unité nationale si précieux en ces moments difficiles. »

Marmande: « c’est impossible, je l’annule »

A Marmande, ce jour de réjouissance attire 7 à 8 000 personnes. De quelle manière un dispositif strict pourrait-il s’envisager, s’organiser aux abords de La Fillole et de la Cale? Tout ça paraît problématique.

La réponse est venue samedi de la part de Joël Hocquelet, dès son installation dans le fauteuil de maire. « Le feu d’artifice n’aura pas lieu. Il était précommandé et il fallait prendre une décision avant le 3 juillet. Dans l’état actuel des circonstances sanitaires, c’était impossible… J’ai donc pris la décision de l’annuler. Comme vous M. Benquet, je pensais que cet événement très ancré dans cet esprit populaire marquerait le retour à une vie sociale plus normale. Le contexte, maheureusement, ne le permet pas. »

« Entre détonations et vibrations, pourra-t-on assister à une pluie d’étoiles dans le ciel, ailleurs, dans notre région?

Le Républicain fait un tour d’horizon. Dans une semaine, il se peut que certaines situations se décantent, évoluent. Tout n’est pas totalement figé.

A Tonneins: la tête dans les étoiles

« On peut le faire, on va le faire… A moins d’un avis contraire de la part de la préfecture qui a donné pour l’instant son feu vert. » Interrogé avant les élections municipales, Dante Rinaudo a pris date avec la fête nationale.

La ville a fait une demande préalable pour obtenir une autorisation auprès de la préfecture. Il se pourrait donc que cette tradition soit respectée sur les quais, face à St-Pierre. La manifestation serait permise si tant est qu’elle ne dépasse pas le cap des 5 000 spectateurs le long des berges de la garonne…

Dans le cas contraire, un plan B serait sous le coude: la diffusion du feu d’artifice Paris 2019 sur l’écran du cinéma Le Rex…

Report dans la Cité des Ducs?

A Duras, le château sera-t-il embrasé? « Il n’y aura pas de feu tiré pour le 14 juillet. Comme la fête de la Madeleine (prévue normalement le 19 juillet) est annulée, nous songeons éventuellement le reporter à cette date pour combler ce vide », indique le maire Bernadette Dreux. La commune est très animée durant l’été.

A Miramont, la commune a décrété que toute manifestation est interdite jusqu’au 15 juillet. Entre temps, il est tombé des assouplissements préfectoraux. Sauf qu’il est trop tard pour monter une organisation, prendre les dispositions qui s’imposent.

La bastide de Guyenne ne sera donc pas fermée à la circulation. Lieu de concentration, la place Jacques Humeau restera… «blanche» et non noire de monde.

Au feu les pompiers…

A Casteljaloux, les animations de la fête nationale sont annulées. D’habitude, une foule immense converge à la Bartère. «Nous nous adapterons en fonction des prochaines directives, dans l’idée de reporter le feu d’artifice soit en août, voire début septembre », rapporte Laurent Ducasse, premier adjoint.

A Meilhan, cette année, la Garonne restera plongée dans la plénombre. Ni lampions, ni lumières, le bal des pompiers est supprimé sur la place du Tertre, offrant un joli panorama… Et le modeste mais non moins méritant feu est hélas désamorcé.

Rien ne se fait ou est remis en cause ailleurs, dans les chefs lieux de cantons, tels que Seyches, Bouglon, Le Mas d’Agenais. Il est vrai que certains budgets se l’interdisent tout simplement.

Lauzun. Le futur maire vend la mèche

Le comité des fêtes est dans les starting-blocks. « La balle est dans le camp du nouveau maire qui sera officiellement installé le vendredi 3 juillet », indique Jacqueline « Kalie » Garcia, la présidente.

« Une chose est sûre, notre fête, prévue le 11 juillet, est annulée. D’habitude, un feu d’artifice ponctue cette fête, dans l’agréable cadre qu’offre le lac. »

Interrogé à ce sujet, Jean-Pierre Barjou, depuis élu maire de Lauzun, s’était exprimé avant son installation. Il n’avait pas caché son penchant pour faire tirer un feu précisément le 14 juillet au soir.

«C’est une fête fédératrice, symbolisant l’unité et la cohésion nationale. Les élus affichent la volonté de proposer une animation qui nous permettrait de rompre avec la période pénible causée par la Covid. »

Dès samedi 4, il a fait une démarche officielle auprès de la préfecture afin de l’informer de l’intention de la commune de Lauzun. « Il nous reviendra de nous conformer au dispositif d’exception qu’exige une telle manifestation, compte tenu du contexte.»

L’artificier se tient prêt à allumer la mèche. La société Brezac du Fleix (24) est le prestataire pour un spectacle d’une valeur de 2 500 €.

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