Feux d’artifice, un coût pour les petites communes

arnauld bernard

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a.bernard@sudouest.fr

On a tous déjà entendu, un soir de 14 juillet, un voisin un peu alcoolisé déclarer fièrement, à l’issu d’un somptueux bouquet final : « Voilà donc où passent tous nos impôts ! » Pourtant, le feu d’artifice de la Fête nationale reste l’une des traditions préférée des Français, il suffit de voir le nombre de spectateurs qui se déplacent, de ceux qui amènent leurs pliants et leur glacière à ceux qui mitraillent de photos les fusées avec leurs smartphones. Mais en période de disette et de baisse des dotations de l’État, la tradition ne pèse parfois pas bien lourd face aux fragiles finances des petites communes.

Cette année, certains maires vont tout simplement se passer de feu d’artifice. Une décision difficile à prendre pour les élus, mais qui n’est pas seulement symbolique. Bernard Ajon, le maire de Saint-Antoine-de-Ficalba, avait annoncé, lors d’une réunion publique, à ses ouailles, le mois dernier, que le feu d’artifice n’était pas la priorité de la commune, d’autant plus qu’il avait traditionnellement lieu en même temps que la fête du village, le premier week-end d’août. Le maire préfère concentrer ses efforts financiers pour refaire, par exemple, l’éclairage du village : « La fête du village aura lieu comme d’habitude, mais nous économisons 1 600 euros sur le feu d’artifice. Cela ne faisait que trois ans que nous avions recommencé à le faire, donc les gens ne sont pas trop déçus. »

L’impasse à la campagne

À Pinel-Hauterive, économiquement, le feu d’artifice n’est pas non plus la priorité : « Pour avoir quelque chose, il faut bien mettre entre 2 000 et 3 000 euros, et nous préférons l’investir dans quelque chose d’autre », explique le maire, Roland Soca.

Alain Merly, le premier magistrat de Prayssas, fait, lui aussi, cette année, l’impasse : « Nous faisions aussi un repas, mais qui n’aura pas lieu, car nous en avons un hebdomadaire prévu le mercredi. Avec le budget d’un feu d’artifice, on peut à la place programmer une animation musicale. Cela reste un moment apprécié de la population, mais beaucoup vont à Villeneuve-sur-Lot ou à Agen pour voir un feu d’artifice plus conséquent. Et puis, la réglementation est plus sévère, aussi, donc je ne dis pas qu’on ne le fera pas l’an prochain, mais cette année, c’est non. »

Budget en baisse en ville

Chez Bugat pyrotechnie, on s’est aperçu très tôt dans la saison que certaines petites mairies feraient l’impasse, comme le confiait Christophe Crozier, il y a quelques mois : « Oui, on sent bien qu’il y a une coupe dans les budgets. Dans les petites communes, ça se maintient tant bien que mal, car le feu d’artifice, c’est aussi la tradition, mais dans les grosses, le budget est clairement en baisse. L’année dernière, les nouveaux élus arrivés aux responsabilités dans les collectivités ont sauté dans le train en marche, alors que cette année, ils sont aux décisions, et rationalisent. Parfois, les gens ont été très satisfaits de ce qu’on a fait l’été dernier, mais ils vont quand même changer de boîte, pour marquer la différence avec l’équipe municipale précédente. Ils vont essayer de négocier et de faire plusieurs devis. »

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