L’utilisation de feux d’artifice a fait un mort et un blessé grave dans le Bas-Rhin. Photo Jean-Marc Loos
Actualisé à 4h15 – Malgré les efforts de prévention menés par les pouvoirs publics, la tradition des pétards du Nouvel An a de nouveau tourné au drame mercredi en Alsace, avec la mort accidentelle d’un jeune homme tué en manipulant un feu d’artifice à Sarre-Union.
L’accident a eu lieu vers 0h30 à Sarre-Union, une commune du nord-ouest du Bas-Rhin proche de la Lorraine. La victime, âgée de 29 ans, «faisait la fête chez des amis dans un domaine privé», selon la préfecture. L’engin pyrotechnique, un mortier, lui a explosé au visage, a-t-on précisé de même source.
Ailleurs en Alsace, un jeune homme de 22 ans a été grièvement blessé à une main en début de soirée à Strasbourg, selon l’adjoint au maire chargé de la sécurité, Olivier Bitz. Dès mardi après-midi, un autre homme avait dû être pris en charge pour des brûlures à une main.
Dans le Haut-Rhin,les pompiers ont fait état de deux blessés légers (lire notre article en cliquant ici).
Après les deux morts recensés l’an dernier, les autorités en Alsace avaient pourtant fait de gros efforts cette année pour éviter que la traditionnelle débauche de feux d’artifice du réveillon ne vire à nouveau au drame.
La réglementation était particulièrement stricte cette année dans les deux départements alsaciens: seuls les plus petits pétards étaient désormais autorisés, et uniquement pour les plus de 12 ans. Les plus puissants, cauchemars des services d’urgence, nécessitent des autorisations.
En outre, l’usage des pétards a même été interdit «à moins de 50 mètres des immeubles d’habitation», ce qui revenait à une interdiction de facto en ville… bien difficile à faire appliquer, et qui a d’ailleurs été largement transgressée durant la nuit de la Saint-Sylvestre.
Face au danger, policiers et gendarmes ont multiplié les contrôles en amont. Ces derniers jours ils ont saisi près de deux tonnes de pétards et autres explosifs, dont plus de la moitié dans la seule journée de mardi. Ces saisies ont eu lieu soit chez des commerçants en infraction avec la législation, soit aux frontières, pour faire respecter l’interdiction d’importer tous types de pétards, sauf autorisation expresse des douanes, alors que nombreux Alsaciens se fournissent en Allemagne où les règles sont beaucoup moins strictes.
Effectif doublé à «SOS Main»
La communication en direction du jeune public a été particulièrement musclée, avec notamment des séances d’information organisées dans tous les collèges du Bas-Rhin, depuis le début du mois d’octobre et jusqu’aux vacances de Noël. Objectif: toucher les 12.000 élèves de 4e du département.
Dans les deux services d’urgence «SOS Main» de l’agglomération strasbourgeoise, le personnel soignant s’était préparé mardi, une nouvelle fois, à une nuit difficile. «On sait qu’on va encore en baver», soupirait le Dr Philippe Liverneaux, chirurgien. Pour la Saint-Sylvestre, l’équipe de «SOS Mains» qu’il dirige, à Illkirch dans la banlieue de Strasbourg, a doublé ses effectifs.
A Thannenkirch, petit village du centre de l’Alsace endeuillé l’an dernier par un accident mortel, le maire, Hubert Bihl, avait fait distribuer dans toutes les boîtes à lettres un tract où l’on pouvait lire: «l’équipe municipale vous demande de dire non à ces manifestations meurtrières».
Mais l’édile a reconnu ne pas croire «qu’un arrêté du maire puisse faire en sorte qu’on ne +pète+ plus de pétards, il faut que ça reste une réaction spontanée des habitants», a-t-il dit dans un entretien à France 3 Alsace.
Les fabricants de pétards, ulcérés de leur côté par le manque à gagner découlant de la réglementation locale, ont saisi la justice administrative pour dénoncer une «entrave à la liberté du commerce».
«Ils sont dans leur rôle. Mais personnellement, je trouve que contester ainsi une réglementation visant à protéger la vie des gens, ce n’est pas très moral», a commenté le préfet Stéphane Bouillon à propos de cette procédure, toujours en cours.
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