JEAN-ERIC OUGIER : Jean-Eric Ougier : « C’est de très loin la forme de spectacle la plus populaire »

Comment évolue le marché mondial des feux d’artifice ?

Les grands feux se multiplient à travers le monde, lors des festivités du nouvel an – à Sydney, à Macao, à Singapour, à Londres -, à l’occasion d’événements populaires et des grands rendez-vous sportifs. Certains spectacles sont récurrents telles les Fêtes de Genève, le Reddentore à Venise en juillet, les Fallas de Valence en mars. Mais c’est en France que le feu trouve réellement sa place avec sa mise en scène et ses entrées payantes. Ainsi, Annecy avec sa Fête du lac, Versailles, le Grand Feu de Saint-Cloud ou Les Nuits de feu de Chantilly ont développé ce genre. Avec nos compatriotes, le Groupe F et Lacroix-Ruggieri, nous avons fait vivre au feu d’artifice une petite révolution culturelle, comme les arts du cirque il y a quelques années. Chacun a son style, très différent, et on peut désormais reconnaître aisément tel concepteur, qui a son public fidèle.

Le secteur ne souffre-t-il pas en France des coupes budgétaires ?

Les collectivités publiques manquent de ressources, tandis que des spécialistes de l’événementiel comme Euro RSCG et GL Events organisent toujours de nombreuses manifestations privées. Mais la TVA applicable aux spectacles pyrotechniques est de 19,6 %, contre 5,5 % pour le théâtre ou les concerts, ce qui diminue les budgets alloués. Et les feux commandés par des acteurs publics sont soumis au régime des appels d’offres, ce qui est préjudiciable : les dossiers sont comparés sur des critères de poids de poudre, de durée, de prix, alors qu’il s’agit d’un travail d’abord artistique. Les villes ne doivent pas oublier que le coût d’un feu d’artifice est modeste au regard de ses retombées. C’est de très loin la forme de spectacle la plus populaire; nos shows à Genève drainent 500.000 spectateurs, à Annecy ou à Cannes 200.000. Cette fréquentation a une répercussion immédiate sur l’économie.

La demande diffère-t-elle beaucoup d’un pays à l’autre ?

Les différences culturelles sont marquées. Les Japonais vénèrent le feu comme une création unique, les Chinois y trouvent une connotation spirituelle lors du nouvel an, espérant ainsi chasser les mauvais esprits, les Espagnols et les Italiens rivalisent de prouesses, où le bruit et le rythme priment. Les Français – c’est un héritage de Louis XIV – composent une sorte d’opéra lyrique mêlant architecture, musique, lumière, performances humaines… Ce sera le cas à Saint-Cloud cette année nous rendrons hommage à cette tradition des feux baroques.

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