Le feu d’artifice a toujours le feu sacré. « C’est le spectacle le plus fédérateur qui soit : du coup, si on a à faire des économies, ce ne sera pas là dessus. Et puis, beaucoup ont augmenté les impôts », explique, les yeux brillants, ce maire de l’Hérault. Dans certaines régions, les commandes auprès des artificiers ont pu parfois chuter de 15 %. Pas dans la région, où même les petites communes, qui subissent une baisse de dotation de l’État, ont sanctuarisé le budget de cette attraction lumineuse. Il y aura cette année toujours autant de cocoricos flamboyants.
Seulement quelques cas en France d’annulation de feux
« 17 000 feux d’artifice sont tirés chaque année : au moins une commune sur deux tire un feu par an. Et quand il y a des économies à faire, elles le font ailleurs. 60 % des feux d’artifice sont tirés les 13 et 14 juillet : c’est un rendez-vous incontournable, difficile à annuler, y compris sur le littoral », confie Jean-Frédéric Dartigue-Peyrou. Le secrétaire général du syndicat des fabricants (SFEPA) précise : « Il n’y a eu que quelques cas, très marginaux, d’annulation de feux d’artifice dans le Nord. Il n’y a pas eu de restrictions budgétaires ni même de mutualisations d’un spectacle entre plusieurs communes. Traditionnellement, il y a deux cas particuliers : les conseils municipaux qui tardent à nous passer commande l’année d’une élection municipale et ceux qui sont élus juste après ces élections et qui peuvent remettre en cause les appels d’offres. »
Pour Frédéric Candela, responsable du service festivités à Lattes, compétent aussi sur les communes de Maurin et Boirargues, dans l’Hérault, la mutualisation naturelle des trois communes est une force. « À cause de la baisse des aides de l’État de 500 000 €, chaque service doit faire une économie de 10 %, dit-il. Comme on achète au total trois feux d’artifice dans l’année, un pour chacune de nos communes, on peut obtenir des prix pour une qualité identique. Ainsi la réputation de notre feu est sauve. »
Des budgets stationnaires
La famille Blanc, de la société Arts-en-Ciel de Pignan (Hérault), est surnommée la famille “Pétard” pour son implication totale dans ce secteur. Jocelyne Blanc assure : « Hormis Montpellier, qui y consacre un budget nettement inférieur cette année (- 30 %, de 130 000 € à 90 000 €, Ndlr), la douzaine de feux que nous tirons pour ce 14 Juillet ont des budgets stationnaires. » Basée à Muret, près de Toulouse, la société Ruggieri, leader des feux d’artifice en Europe, dispose en France d’un réseau de vingt-cinq distributeurs. « Il y a une tendance, c’est vrai, au regroupement des petits feux », modère Hervé Navaron, directeur commercial pour la France. Mais aucune commune, si petite soit-elle, n’envisage d’annuler ce moment de communion.
« C’est le seul spectacle transgénérationnel où le spectateur ne met pas la main à la poche » Hervé Navaron, de la société Ruggieri
« C’est le seul spectacle transgénérationnel où le spectateur ne met pas la main à la poche ! Pour autant, on doit négocier avec les communes qui nous demandent de plus en plus des ristournes, jusqu’à 30 %. » Pour Patrick Caralp à la tête de Cévennes artifices, qui tire 90 feux dans l’Hérault, l’Aude et les P-O, « les communes maintiennent leurs budgets ». Son homologue Jean-Yves Duchesne, de Centre Spectacles, 30 feux d’ici ce mardi soir en Lozère et Aveyron, se dit, lui, « davantage inquiet de la désertification. Ceux qui gèrent les comités des fêtes dans les villages, affichent plutôt 70 ans que 20 ans… »
À La Grande-Motte, non seulement Stéphan Rossignol, le maire, n’économise pas mais il est ravi de dépenser 20 000 € à 25 000 € pour chacun des sept spectacles pyrotechniques de l’été en compétition lors de ce festival baptisé les Nuits d’Or. « Un feu, c’est 500 000 € à 700 000 € de retombées directes ! » Le jeu en vaut la chandelle.
Les rendez-vous à voir près de chez vous
Si certains ont déclaré leurs flammes lundi soir, la plupart des grands feux d’artifice seront tirés ce mardi 14 juillet. À Carcassonne, l’embrasement de la cité ameutera une foule venue, comme d’habitude, des quatre coins de la région. Rendez-vous également aux Arènes de Nîmes ou près des remparts d’Aigues-Mortes pour des feux sublimés par des écrins historiques somptueux. Côté plages, La Grande-Motte proposera un spectacle pyromélodique à couper le souffle. Dans cette station héraultaise, les “Nuits d’Or” illuminent le ciel chaque semaine. Pour un peu moins d’affluence, mais tout autant de charme, vous préférerez Narbonne, Palavas, le Cap d’Agde, Saint-Cyprien ou encore Gruissan. Une très belle soirée en perspective.
La ville de Mende a annulé le feu prévu ce mardi, pour cause de risques d’incendies liés à la sécheresse.