Le grand feu d’artifice de Genève annulé

Les enseignants romands sont inquiets d’un retour à l’école. Leur syndicat pose des conditions pour une reprise le 11 mai. Si cantons et communes ne sont pas en mesure de les remplir, le retour sur les bancs d’école doit être repoussé d’une ou deux semaines.

« Beaucoup d’enseignants ont peur de retourner en classe », a indiqué mardi à Keystone-ATS Samuel Rohrbach, président du Syndicat des enseignants romands (SER). Les dernières annonces de la Confédération sur les jeunes et le Covid-19 ne sont pas rassurantes et la reprise pose des questions basiques. « Certaines classes n’ont par exemple pas de lavabos », explique-t-il.

Le SER a énuméré ses conditions. Pour rouvrir leurs portes, toutes les écoles doivent appliquer des mesures strictes en matière sanitaire. Les établissements doivent disposer des ressources nécessaires pour assurer l’hygiène des locaux toute la journée et non plus seulement après la fin des cours.

Les personnes vulnérables et leurs proches, qu’il s’agisse des élèves ou des profs, doivent être autorisées à rester à la maison selon une procédure d’annonce claire. Les effectifs des classes doivent être adaptés afin de respecter les distances de sécurité.

Pour éviter une mise en oeuvre chaotique, la Confédération est enfin priée d’imposer des règles afin d’assurer une coordination entre les cantons. Si les cantons et communes ne peuvent pas remplir ces conditions, le SER demande de repousser le retour dans les classes d’une ou deux semaines.

Pétition

Une pétition, lancée par des parents vaudois, demande de renoncer à la reprise le 11 mai, invoquant l’absence de validations scientifiques sur l’impact du virus. En à peine plus d’une semaine, elle a récolté 18’000 signatures. Elle plaide pour une reprise volontaire début juin et mise sur la préparation de la rentrée en août.

Le SER, qui a relayé le communiqué de la pétition sur son site, préfère la solution d’une reprise généralisée avant les vacances. « Il est important de recréer le lien entre enseignants et élèves », soutient Samuel Rohrbach.

Syndicat alémanique sur la même ligne

De l’autre côté de la Sarine, les profs alémaniques partagent la position romande. « Comme la crise liée au coronavirus est nationale, il importe d’avoir des directives contraignantes à l’échelle suisse », indique Dagmar Rösler, présidente du syndicat LCH.

Il est d’ores et déjà clair que si les écoles rouvrent le 11 mai, l’enseignement ne se déroulera plus comme on en avait l’habitude. Les mesures d’hygiène et de distance auront un gros impact sur les cours et prendront du temps avant, pendant et après.

Voix discordante en Suisse orientale

La Suisse orientale aimerait, elle, disposer d’un peu plus d’autonomie, selon le Tages Anzeiger qui cite le président de la section orientale de la Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction (CDIP), Benjamin Mühlemann.

« Une reprise ne pourra bien réussir que si l’on met en oeuvre les recommandations médicales adaptées au lieu et que l’on informe clairement le personnel enseignant et les parents », déclare le conseiller d’Etat glaronais.

Pour lui, il ne serait pas pertinent que le Conseil fédéral durcisse le concept de protection. Si une distance minimale entre les enfants devait être prescrite, il ne sera tout bonnement pas possible d’enseigner dans de nombreux endroits. Et il sera encore moins possible d’enseigner à la fois dans la classe et à distance online.

Le Conseil fédéral devrait préciser mercredi les conditions de la repise de l’école et le concept de protection à respecter. La CDIP prendra position à ce moment-là.

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