Des militaires en moins, mais autant de feux d’artifice. Si le ministère de la Défense prévoit quelques coupes dans le budget du défilé militaire sur les Champs-Élysées qui devrait coûter environ 500.000 euros de moins que l’année dernière, les Français ne devraient en revanche pas être lésés côté feux d’artifice. Malgré la crise, les sommes dédiées aux festivités du 14 Juillet vont cette année encore rester stables. «La crise est là depuis plusieurs années. Faut-il pour autant tout annuler?», s’interroge-t-on à la mairie de Paris. Comme c’est le cas depuis 2001, près de 600.000 euros de poudres se disperseront donc dans le ciel de la capitale durant 35 minutes. «C’est une fête importante pour tout le monde, un symbole national attendu par les Parisiens et les touristes. Il ne s’agit pas de dépenses inconsidérées et nous avons des partenaires pour le financement», précise l’Hôtel de ville. Le concert de musique classique donné en prélude est d’ailleurs entièrement financé par Radio France et France Télévisions qui retransmettront l’événement en direct. À Nantes, l’enveloppe de 80.000 euros destinée au 14 Juillet n’a pas non plus été réduite depuis trois ans. La moitié sera dépensée pour le feu d’artifice et sa sonorisation. «Il y a un enjeu de cohésion sociale et territoriale», souligne la mairie. D’autres communes ont trouvé une solution astucieuse pour réduire le coût des prestations, sans rogner sur la qualité. Sur son site Internet, la ville de Levallois-Perret dans les Hauts-de-Seine explique comment elle s’est mise d’accord avec sa voisine Courbevoie pour mutualiser leurs efforts. En lieu et place des deux feux tirés le même soir (13 juillet) sur les bords de la Seine à quelques centaines de mètres l’un de l’autre, un seul plus spectaculaire (73.500 euros) mais dont le coût sera réparti entre les deux municipalités sera envoyé depuis les ponts qui les séparent.
Préserver les événements gratuits
La motivation est la même quelle que soit la taille de la commune et son assise financière: offrir un moment de plaisir totalement gratuit à la population. À Barneville-Carteret, petite ville de la Manche qui double chaque année sa population en période estivale, les coupes budgétaires n’ont pas affecté les grands événements de l’été. «Nous veillons à ce que les économies n’affectent pas les événements offerts gratuitement», explique l’adjoint à la culture. 6000 euros seront donc dépensés pour les feux d’artifice le 14 Juillet au soir et 1500 euros de plus pour l’organisation du bal. Même discours à Sedan, dans les Ardennes, où la municipalité a aussi préféré investir un peu moins dans les animations entourant le spectacle que de proposer un feu d’artifice au rabais à ses administrés. «Contrairement à l’Espagne et à l’Italie où les collectivités locales ont réduit les dépenses pour les fêtes, le marché institutionnel n’est pas touché en France. L’impact de la crise est beaucoup plus visible sur le marché événementiel. Les entreprises, elles, ont réduit les budgets», explique le groupe Lacroix-Ruggieri, artificier leader en Europe. L’un de ses concurrents, Ouest Pyro, confirme que sur les 190 feux programmés cette année, un seul a vu son budget être réduit . «Le 14 Juillet est un événement exceptionnel et fédérateur. Et il ne faut pas non plus oublier que nous sommes en année préélectorale», souligne l’artificier. Conscients de l’importance de divertir la population, plusieurs édiles auraient donc opté pour des prestations un peu plus chères. Enfin, à événement exceptionnel moyen exceptionnel, la palme de l’événement le plus spectaculaire devrait cette année revenir à Marseille. La Cité phocéenne tient à faire honneur à son titre de capitale européenne de la culture et, pour ce faire, a plus que doublé son budget habituel pour embraser le ciel au-dessus du Vieux Port. «C’est un budget très lourd, de l’ordre de 600.000 euros pour une demi-heure de spectacle», confie Éliane Zayan, adjointe chargée de la culture à la mairie. «C’est tout de même la fête nationale, il ne faut pas décevoir!», conclut-elle.