Les dessous des feux d’artifice

fabien darvey

fabien.darvey@lacote.ch

Le plaisir dure souvent une quinzaine de minutes, parfois vingt. Mais que d’heures de travail pour arriver à un tel résultat. Préparer un feu d’artifice demande du temps et, surtout, beaucoup d’investissement. Et les fabricants sont peu nombreux.

En Suisse, quatre structures se taillent la part du lion, dont la société Sugyp, basée à Grandson. «On n’a pas encore fêté le 1erAoût cette année que nous faisons déjà les commandes pour l’année prochaine, explique Nicolas Guinaud, codirecteur de l’entreprise. Certains spectacles seront même dessinés dès le mois prochain.» De la conception artistique à la réalisation, les étapes demandent une longue réflexion à tous les étages de la fusée. Et elle dépasse de loin la question de la belle bleue ou de la belle rouge après le palmier orange. «D’abord, j’écris la mélodie du spectacle, poursuit celui qui est aussi directeur artistique de Sugyp. Le volet pyrotechnique ne vient qu’après. On essaie de jouer avec les sons, les couleurs, les hauteurs ou encore les distances. Le feu en lui-même fait déjà partie de l’ambiance sonore.»

Travail de titan

Un travail chirurgical qu’il partage avec une équipe technique qui conçoit toute l’électronique des représentations. «Sans eux, je ne ferais rien… On ne se rend pas compte de tout le travail humain qu’il y a derrière.» Plusieurs semaines de travail sont nécessaires pour arriver à une représentation de vingt minutes, couplée à de la musique. «Même si certaines parties peuvent déjà être prêtes, il faut compter entre deux et trois heures de travail en amont pour une minute de feu», détaille Nicolas Guinaud. Soit déjà une bonne semaine de labeur.

Ce à quoi il faut ajouter une journée de travail électronique pour concevoir les lancements des fusées, puis encore un jour pour les réaliser. Avant de passer plus de deux jours à préparer l’ensemble en atelier. Reste encore à tout installer sur place, le jour J.

Cette année, Sugyp fournira les feux d’artifice du 1er Août à plusieurs communes, dont Versoix, Chéserex, Saint-Cergue ou encore Gimel. Sur place, plusieurs collaborateurs seront mobilisés de 8h à 2h du matin pour monter et tirer le feu. Une demi-journée sera enfin nécessaire pour tout ranger. «On fait un métier très particulier, savoure Nicolas Guinaud. Dans 99% des cas, la représentation est unique. Ce ne sont que des premières.» Et ce malgré les 190 spectacles livrés chaque année clé en mains. Le 1er
Août à lui seul correspond à 50% de l’activité annuelle de la société.

Prix importants

Si le feu d’artifice demande à lui seul une préparation et une logistique importantes, les communes suent elles aussi pour organiser l’ensemble de la manifestation. A Nyon, par exemple, tous les services planchent dessus depuis février déjà pour que tout se passe au mieux, notamment sur le plan de la gestion du cortège entre l’esplanade des Marronniers et la place des fêtes de Rive est.

Ailleurs, certains ont même décidé de déléguer l’organisation des festivités à des tiers. C’est le cas à Rolle, par exemple. «En 1994, nous voulions organiser l’événement pour la première fois. Depuis 1995, nous avons le mandat pour toute la fête, se réjouit Bertrand Pariat, président du Kiwanis Club Rolle-Aubonne. Après 20 ans, cela marche plutôt bien. ça prend du temps, mais la machine est bien rodée.»

A quelques kilomètres de là, le Signal de Bougy finalise aussi l’organisation de son 1er
Août, dont profitent notamment les habitants de Bougy-Villars. Mais là, les choses se font très vite. «Chaque année, on remet le couvert environ un mois et demi avant l’événement, explique Christophe Reymond, directeur de la fondation Pré Vert du Signal de Bougy. Tous les contrats sont prêts, on ne fait que réactiver nos partenaires.» Une situation qui fait figure d’exception. Ailleurs, organiser une soirée de festivités est un exercice qui court sur toute l’année.

Un effort qui a un prix. «Chez nous, c’est environ 1000francs la minute de feu d’artifice, explique Giancarlo Stella, secrétaire municipal à Morges. Mais nous le finançons nous-mêmes.» Idem du côté de Montricher, où on «fait avec les moyens d’un petit village». A Saint-Prex ou à Rolle, la manifestation a pris une telle ampleur que des sponsors viennent se mêler à la fête.

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