Multiplication des accidents de pétards et de feux d’artifice à l …

Alerte aux pétards, aux mortiers et aux feux d’artifice dangereux. Alors que ces engins pyrotechniques s’apprêtent à faire leur traditionnel retour en force à l’approche des festivités du 14 Juillet, certains riverains, notamment ceux de la porte de la Chapelle à Paris, se plaignent déjà de tirs quotidiens risquant parfois de provoquer des sérieux préjudices matériels, voire des blessures graves liées à un singulier manque de prudence.

Selon un dernier bilan diffusé mercredi par la préfecture de police de Paris, quatre suspects, âgés de 14 à 19 ans et membres d’un groupe d’une trentaine d’individus, ont été interpellés dans le Xe arrondissement parisien pour des tirs d’engins pyrotechniques. Le 18 juin, un consommateur attablé dans un débit de boissons de Sevran (Seine-Saint-Denis) avait été sérieusement blessé à l’œil droit par un tir de mortier depuis la rue tandis que, le même jour, un jeune homme de 17 ans avait deux doigts arrachés par l’explosion d’un «mortier» qu’il manipulait devant son domicile, à Villepinte (Seine-Saint-Denis).

En janvier dernier, le parquet de Saverne (Bas-Rhin) avait annoncé l’ouverture d’une information judiciaire pour «homicide involontaire» à l’encontre des responsables d’une société de vente de feux d’artifice par Internet après la tragédie de Dorlisheim lors de la nuit de la Saint-Sylvestre. Un jeune homme de 20 ans, croyant qu’un mortier avait fait long feu, s’était penché dessus avant d’être mortellement blessé. L’enquête avait démontré qu’il s’était procuré pour la «bagatelle» de 798 € d’engins pyrotechniques. Or, en théorie, la législation interdit l’achat de ces artifices de catégorie K3 (interdit aux moins de 18 ans) lancés par mortier par des personnes non autorisées. Interdiction renforcée par un arrêté préfectoral à l’occasion du Nouvel An, en particulier dans le Bas-Rhin où la tradition est vivace.

Une trentaine de blessés graves

Selon nos informations, pas moins d’une trentaine de personnes grièvement blessées avaient été admises dans les hôpitaux d’Ile-de-France l’année dernière au moment de la fête nationale. Évoquant une «hécatombe» liée à une utilisation intempestive de ce matériel parfois de très forte puissance, les spécialistes en orthopédie et en traumatologie avaient notamment été contraints d’amputer une vingtaine de doigts au total et de soigner ce qui ressemblait bien souvent à des blessures de guerre.

À lui seul, l’hôpital Saint-Antoine de Paris, premier centre en région parisienne pour la prise en charge des plaies de la main, effectue toujours quelque 2500 interventions par an dans le cadre du protocole «SOS main». «Des opérations toujours très délicates à mener et nécessitant des heures de microchirurgie et, au besoin, de très délicates greffes d’artères, précise un médecin. En général, les plaies largement ouvertes nous font songer à de véritables blessures de guerre.»

Dans de nombreux cas, les blessures sont liées à des accidents domestiques et les victimes les plus touchées sont âgées en général de 20 à 25 ans.

Des armes par destination

Détournés de leur utilisation première, les pétards et autres feux d’artifice sont aussi employés dans les banlieues comme des armes par destination, provoquant des incendies dans des appartements et devenant des dangereux projectiles tirés contre les forces de maintien de l’ordre et leurs voitures de patrouille. Depuis des lustres, les effectifs de la Direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP) sont sensibilisés à cette thématique. On a relevé lors du précédent 14 Juillet de nombreux incidents dans les départements de Seine-Saint-Denis, de l’Essonne, du Val-d’Oise et de la Seine-et-Marne.

La préfecture de police de Paris a dénombré pas moins de 325 «jets de projectiles de toute nature, dirigés à l’encontre des forces de l’ordre mais aussi du public ou vers des bâtiments, constatés lors des dernières festivités organisées durant les nuits des 13 et 14 juillet 2012, contre 135 au cours de la même période en 2011». Plus que jamais, les forces de l’ordre insistent sur le «réel danger» que représentent «ces artifices de divertissement (…) en cas de mise à feu en direction de personnes».

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