Un mémorial à Royan en souvenir du bombardement du 5 janvier 1945

Si la ville de Royan (Charente-Maritime) a aujourd’hui le visage qu’on lui connaît, c’est parce qu’elle a été façonnée, voire défigurée, par son histoire. Et notamment un certain 5 janvier 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, quand des avions alliés font pleuvoir des centaines et des centaines de bombes, dans l’objectif de détruire la dernière poche de résistance allemande. Le bilan, très lourd – près de 500 morts, un millier de blessés, une commune réduite en cendres – a marqué le territoire. C’est justement pour ne pas omettre cette page d’histoire que plusieurs personnes se sont battues pendant des années pour qu’un mémorial voit le jour. C’est désormais chose faite : il est inauguré ce dimanche 8 mai à 19h. 

Une œuvre très moderne 

Celui-ci domine désormais l’estuaire de la Gironde, sur un monticule de la pointe du Chay, en lieu et place d’un bunker utilisé à l’époque par les Allemands. Une véritable « dentelle » comme le définit l’actuel maire de Royan, Patrick Marengo. Ce « souffle », le nom du monument imaginé par l’architecte Luc Richard, se compose d’une dizaine de tubes en inox de différentes tailles, disposés en arc de cercle. Une œuvre résolument moderne, épurée, très différente des habituels monuments massifs en pierres. 

Voir ce monument, cela me fait penser à mon père qui a été résistant, c’est très émouvant

Justement, c’est assez abstrait. Il incite à l’imagination, à l’interprétation. Cette passante y voit un orgue : « Et la musique, c’est l’ode à la vie », poétise-t-elle. Un autre couple s’approche : « Moi je le pensais plus grand ». Mais selon eux son apparence physique n’est pas le plus important. _ »_Mon père m’a souvent parlé de cette période, raconte le mari. Il était résistant dans le maquis, à la fin de la guerre il est venu à Royan. Venir ici, voir ce monument, cela me fait penser à lui, c’est très émouvant. » 

Le mémorial est composé de tubes en inox, tous de différentes tailles. Une œuvre très moderne. © Radio France
Lise Dussaut

Le devoir de mémoire 

Pour la première passante, ce genre de monuments, c’est une nécessité : « Avec tout ce qui arrive depuis quelques années, _j’ai l’impression que l’humain n’a pas beaucoup de mémoire_. Je pense aux jeunes notamment, qui, tant qu’ils n’ont pas vu d’eux-mêmes, tant qu’ils n’ont pas réellement rencontré des personnes qui ont vécu ces périodes, croient que c’est comme un jeu vidéo. Qu’on peut en entrer et en sortir. » 

Le maire lui ne se lasse pas de contempler cette dentelle, lui aussi mué en poète : « Ce souffle c’est bien sûr le souffle des bombes, mais c’est aussi le souffle du courage, de la non résignation, de l’espérance, de _la vie qui continue quoi qu’il arrive_. » Avant de rajouter, de façon plus traditionnelle : « Il fallait solder le passé. Et enfin, nous l’avons fait. » 

Ce dimanche 8 mai, un spectacle est organisé autour du mémorial à 19h. Plus tard dans la soirée, un feu d’artifice sera tiré vers 22h40 pendant que le Souffle sera lui illuminé. Il en sera ainsi tous les soirs. Comme le symbole de la flamme de Royan, qui ne s’est jamais éteinte. 

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