« Nous sommes les oubliés du domaine de la culture qui est lui-même en grande souffrance en ce moment », déclare d’emblée Patrick Brault, le Garanciérois responsable grands spectacles de la société Brezac.
« Toujours pas de directives de l’État ! »
Alors que la Fête nationale approche à grands pas, il explique :
« En France, les acteurs de l’artifice réalisent en moyenne 80 % de leur activité sur deux jours seulement, les 13 et 14 juillet. Or actuellement, les clients de la filière, en l’occurrence les municipalités, ne savent toujours pas si elles pourront organiser ou non leurs feux d’artifice ! J’ai encore eu un appel de la commune de Houdan récemment. Ils attendent un retour de la préfecture qui n’a toujours pas de directives de l’État sur le sujet ! »
D’autres villes, comme Rambouillet, ont d’ores et déjà fait le choix de ne pas organiser de feux d’artifice cette année.
Un manque de visibilité qui fait bondir les artificiers. « Aujourd’hui, les marchés, les plages ou encore les parcs d’attractions ont reçu la permission de rouvrir. Pour notre part, nous faisons encore partie des manifestations qui tombent sous le coup de l’interdiction de réunir pus de 10 personnes. C’est un non-sens total et c’est injuste. »
Selon Patrick Brault, le risque sanitaire est faible.
« La grande majorité des feux d’artifice sont tirés dans les villages, devant quelques centaines de spectateurs, depuis un stade par exemple. Un espace suffisamment vaste pour respecter les gestes barrière et la distanciation physique. Et en règle générale, ça ne dure pas plus d’une vingtaine de minutes. Bref, c’est beaucoup moins risqué que d’aller faire ses courses au marché ou dans un centre commercial. »
De plus, un feu d’artifice est un événement qui a toujours été très encadré. « L’aspect réglementaire est géré par les municipalités. Tout est déjà prévu : les mesures sanitaires, un filtrage à l’entrée, un nombre de personnes limitées. Il ne manque plus que le feu vert de l’État. Notre profession a absolument besoin que des directives précises concernant les spectacles pyrotechniques soient émises auprès des maires et des préfets afin d’autoriser localement la tenue de ces festivités. C’est une question de vie ou de mort pour notre filière. »
« C’est une question de vie ou de mort »
Car si un feu d’artifice est éphémère et festif, derrière, c’est une organisation très lourde et réglementée.
« Un spectacle pyrotechnique, cela demande beaucoup de travail et engage beaucoup de monde. Les fabricants, les fournisseurs, les concepteurs, les artificiers… L’organisation est complexe et fragile. Si la machine est cassée cette année, elle ne pourra pas repartir facilement. Il n’y aura pas de feu d’artifice en 2020 et en 2021 non plus. »
Pour Patrick Brault et bon nombre de Français, le 14 juillet, « c’est le symbole de l’unité nationale, du rassemblement et tout le monde associe cette date avec le feu d’artifice. Ma plus grande crainte, c’est qu’aucune décision ne soit prise dans les jours à venir. Après le 14 juillet, il sera trop tard. Aucun acteur économique ne peut résister à une perte de 80 % de son chiffre d’affaires annuel. C’est l’ensemble de notre secteur qui va disparaître si les spectacles pyrotechniques ne sont autorisés cet été. »