Recherche en laboratoire, essais grandeur nature : pour rester le leader européen des feux d’artifice, la société Lacroix-Ruggieri mise sur l’innovation et déploie souvent ses dernières créations lors du 14 juillet, comme cette année à Carcassonne.
« Notre catalogue de feux d’artifice, c’est comme dans la mode: il change tous les ans », explique Jean-Michel Dambielle, directeur général opérationnel de Lacroix-Ruggieri. L’entreprise de fabrication, distribution et conception de feux d’artifice, basée à Muret, près de Toulouse, revendique 30% de nouveautés chaque année.
Pour innover, Lacroix-Ruggieri, née du rachat par le groupe Etienne Lacroix de son concurrent italien Ruggieri en 1997, emploie chimistes et ingénieurs.
A partir d’une gamme de 80 couleurs allant du pastel à l’argenté, le service de recherche et développement (RD) crée de nouvelles combinaisons d' »étoiles », ces billes de poudre qui se colorent lors de l’explosion de la bombe.
Une fois passé le barrage du test en laboratoire et de l’étude de colorimétrie, un prototype est réalisé et mis à l’essai sur un champ de tir. L’innovation concerne également les systèmes de lancement et les « effets spéciaux », très utilisés dans les grands concerts, notamment au Stade de France.
Parmi les derniers nés de Lacroix-Ruggieri, on trouve ainsi les bombes géométriques, qui dessinent dans le ciel « un papillon ou un visage souriant », ou le « cyclone », système de tir à 40 mètres de haut.
« En France, on a un produit à forte valeur ajoutée, qui repose sur des compositions chimiques particulières et un grand savoir-faire », explique Jean-Michel Dambielle, dont la société est l’une des seules dans l’Hexagone à encore fabriquer des produits pyrotechniques civils.
Lacroix-Ruggieri importe néanmoins de Chine 80% de ses produits afin d’alimenter l’essentiel des feux d’artifice. « Le 14 juillet est un spectacle gratuit et une tradition, même les communes ayant un petit budget -à partir de 600 euros- en organisent. Elles recherchent donc des produits peu coûteux », estime M. Dambielle.
Les bombes, jets et autres chandelles fabriquées par Lacroix-Ruggieri sont donc achetés par les grandes villes, qui disposent d’un budget pouvant avoisiner les 100.000 euros.
Le feu d’artifice, suivi de l’embrasement de la Cité médiévale de Carcassonne, est une vitrine pour l’entreprise et un contrat prisé dans le monde pyrotechnique. Les 400.000 spectateurs attendus mercredi découvriront la « carcassonnaise », une bombe pyrotechnique qui explose plus horizontalement que les autres, une innovation adaptée à l’étendue du site.
Issue de la fusion de Ruggieri, société née en 1735, artificier de Louis XV, et Lacroix, lancée en 1848, l’entreprise s’appuie sur le groupe Etienne Lacroix, fabricant de produits pyrotechniques de sécurité et de défense. « Si on ne faisait que du feu d’artifice, estime M. Dambielle, on n’aurait pas cette force de frappe que nous donne la RD ».
Le groupe Etienne Lacroix, qui a réalisé en 2009 un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros, emploie 550 personnes dont une centaine d’ingénieurs, qui travaillent à la fois sur la pyrotechnie militaire (fumigènes, leurres infra-rouges pour avions de chasse) et civile.
Selon M. Dambielle, c’est grâce à la synergie entre ces deux secteurs que des mairies à la recherche de « spectacles ambitieux et originaux » continuent de faire appel à Lacroix-Ruggieri les 13 et 14 juillet, période qui représente 40% du chiffre d’affaires annuel du leader européen.