Christine Laffont, dans la lignée de Louise de Roquelaure au XVIIe siècle, offre des habits de lumière au château de Lagarde. Artificière, elle a assuré la responsabilité du feu d’artifice qui, début juillet, a illuminé le ciel au-dessus des ruines du «petit Versailles des Pyrénées». Elle réédite cette performance ce samedi 5 août, en clôture d’un marché gourmand nocturne. En pleine préparation pour samedi, elle a accepté de répondre à nos questions.
Est-il vrai que peu de femmes accèdent à la fonction de responsable de feu d’artifice ?
C’est vrai. Quelqu’un m’aurait dit qu’un jour je deviendrai artificière, je ne l’aurais pas pris au sérieux. Lorsqu’on est enfant on s’imagine que certaines choses sont inaccessibles, et pourtant… En fait tout est concours de circonstances. Cela fait plusieurs années que je travaille pour la société Lacroix-Ruggieri mais pas en tant qu’artificière. Petit à petit, en passant par les petites portes, j’ai pu me faire une place.
Et depuis quand mettez-vous le feu ?
Les feux d’artifice sont pour moi un plaisir, un passe-temps qui émerveille petits et grands. J’ai fait mes premiers embrasements au château durant le mois d’août 2016. Mais début juillet, cette année, c’était la première fois que j’étais responsable de feu. Et j’avoue que jusqu’au moment de la mise à feu, que l’on soit ou non responsable de tir, on a toujours un nœud au ventre. Malgré une certaine vigilance, cela reste de la pyrotechnie.
Et c’est gratifiant ?
A la fin du spectacle, c’est mieux d’entendre un «whaou !» qu’un «bof !».
Le château de Lagarde est un site qui vous est cher ?
Aujourd’hui, grâce à Patrick Conreur, artificier, et à Francis Tisseyre, propriétaire du château de Lagarde, j’ai une place au château, où je suis bénévole. Le château de Lagarde est un lieu chargé d’histoire qui stimule l’imagination. Même si notre histoire a dégradé la beauté originelle que lui avait donnée Louise de Roquelaure, il garde un cachet que d’autres châteaux n’auront jamais. Le mettre en lumière est pour moi un honneur, je dirais même plus, un privilège.
Et où votre propre imagination vous mène-t-elle ?
J’imagine… des scénarios sans limite… par exemple une fête au château qui bat son plein dans la galerie. Un cuisinier maladroit ou ivre met le feu ; partant de l’intérieur du château, il s’embrase. Tout bascule, éclate, ne laissant que des ruines incandescentes… Chaque illumination naît à partir d’une histoire et chaque feu fait revivre l’Histoire (avec un grand H) du château.
Qui était Louise de Roquelaure ?
Martine Rouche, guide-conférencière, parle de cette femme d’exception : «Louise de Roquelaure était issue d’une famille noble, dans le premier cercle du roi Henri IV. Elle a épousé très jeune, en 1635, Alexandre de Lévis, le seigneur en place, en terre de Mirepoix, et s’est installée au château de Lagarde. Très vite elle s’est retrouvée veuve à la tête de la seigneurie de Mirepoix, qui englobait toute la contrée voisine, dont elle a eu à gérer l’aspect administratif et militaire. Cette jeune femme a été capable de transformer et de rénover le château de Lagarde en y créant notamment des jardins à la française avec arbres remarquables, bassins, massifs et statues. Elle a fait preuve de capacités exceptionnelles pour son époque». Elle fit aussi modifier le haut des bastions, ajouter un étage, ériger de colossales statues sur les bastions et la tour d’escalier, créer la grande esplanade ceinturée de balustres à main courante, ouvrir des baies à balcon. Le pont-levis, désormais inutile, fut remplacé par un pont de pierre et une allée pour descendre au village.