Trophées UNFP : Le feu d’artifice Mbappé tant attendu? Un pétard mouillé

Au Pavillon Gabriel,

Dans l’art du contrepied, il y a bien longtemps que Kylian Mbappé est passé maître. Nouvelle démonstration dimanche soir, à l’occasion de la cérémonie des trophées UNFP, à l’issue de laquelle il a reçu le titre de meilleur joueur pour la troisième fois. Une soirée rapidement tombée dans les abysses de l’humour avec le numéro gênant d’Adil Rami sur scène, lequel arrachait un immense soupir de fatigue à une consœur à notre droite, excédée par une blague douteuse sur Pamela Anderson, l’ex du défenseur. Une soirée ou Gigio Donnarumma a remporté le titre de meilleur gardien en jouant seulement 17 matchs de L1. Une soirée où Bruno Genesio, auréolé du titre de meilleur entraîneur, n’a pas eu l’audace d’insulter un ou deux twittos lyonnais sur son passage pour nous faire rire.

Bref, une soirée que seul Kylian Mbappé, un temps incertain pour la grand-messe du foot français – il a même « insisté pour venir » – pouvait sauver en prenant toute la lumière. En sortant le violon, la clarinette, le saxophone, et tant qu’à faire tout l’orchestre. En se lançant dans de belles phrases, dans des envolées dont il a le secret, dans des punchlines pour les titres du lendemain. Pourvu qu’il sauve les meubles.

Un Mbappé pour une fois (trop) modeste

Mais Kyky, il est pas comme ça. Ou plutôt, il est plus comme ça. Fini de laver son linge sale en public, bye bye le lavomatic des « responsabilités ». Pour ceux qui n’ont pas la ref, en mai 2019, le champion du monde avait profité de la tribune aux trophées du syndicat des joueurs pour envoyer un message, annonçant arriver « à un second tournant de (sa) carrière » et vouloir « plus de responsabilités, peut-être au Paris SG, peut-être ailleurs ». « J’ai fait l’erreur, il y a trois ans de m’accaparer la cérémonie », reconnaissait-il, statuette en mains. L’attaquant est désormais réservé et altruiste, il se met en retrait au profit de la « grande fête du football », cette même fête dont le monde se fichait plus ou moins. Il joue les timides quand s’approchent les tentatives plus ou moins délicates des maîtres de cérémonie sur ce futur qui met l’axe Paris-Madrid au bord de l’implosion.

– Où jouerez-vous l’année prochaine ?

-…

– Est-ce que votre décision est prise ?

– « Oui, quasiment. C’est quasiment terminé. »

– (Plus subtile) Le record de Cavani, vous y pensez ?

– « Il faut respecter ce qu’a fait Cavani. 200 buts au PSG c’est incroyable. Faire partie de ce cercle est un honneur, donc il faut déjà savourer ce qu’on a et ce qu’on a fait. Je suis déjà très content d’être dans ce top 3. »

Décision avant le prochain rassemblement des Bleus

Après une investigation poussée sur le Twitter espagnol qui nous vaudra sûrement le Pulitzer, cette dernière phrase a beaucoup plu à Madrid, ces derniers y voyant la marque évidente d’un départ du PSG cet été. En poussant la chansonnette, on peut aussi voir des adieux dans le ton grave de ses remerciements à son club, aux joueurs, aux gens de l’ombre, aux intendants, au stagiaire de la machine à café, bref, à tout Paname. La vérité, c’est qu’on n’en sait foutrement ni plus ni moins que la veille.

Plutôt que de savoir si oui ou non, si Paris ou Madrid, si bleu ou blanc, on a donc mis la main sur l’agenda politique du bonhomme, qui ressemble à un truc du style : « Ça va arriver vite, avant le prochain rassemblement de l’équipe de France. » Les Bleus ont un match le 3 juin contre le Danemark en ouverture de la Ligue des nations. Comme on dit en Espagne : tic tac, tic tac, tic tac.

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